Voir, se reconnaître, exister : l’importance de l’inclusion dans les médias

Il y a quelques jours, j’ai regardé un film, et j’en suis sorti bouleversé.

La communication inclusive, si j’ai choisi la voie de la rédaction, passe également par l’image. Comme l’a dit ma collègue Jeanne Sorin dans son dernier article de blog : « Les médias, les œuvres audiovisuelles et littéraires façonnent notre vision [du monde], en véhiculant des stéréotypes et des idées reçues, basées sur le patriarcat [le colonialisme ou encore, le validisme]. »

Prenons un exemple concret : en fonction du pays où se déroule l’action, les cinéastes choisissent souvent un grain de pellicule particulier et une couleur bien précis

Depuis de nombreuses années, le cinéma US utilise des teintes jaunes pour représenter les pays non occidentaux, comme dans Tyler Rake avec Chris Hemsworth, dans certains James Bond ou Mission Impossible. 

Ce choix de nuance crée un sentiment d’inconfort et augmente la tension pour le public. Le jaune, lorsqu’il est employé au cinéma, a un effet psychologique : le cerveau humain peine à supporter cette couleur très longtemps. Ainsi, ces filtres jaunâtres, systématiquement utilisés à Hollywood pour représenter certains pays, donnent aux paysages une impression de danger et renforcent une vision caricaturale de ces lieux.

Affiche promotionnelle du film 'Extraction' diffusé sur Netflix. Au centre de l’image, Chris Hemsworth incarne le personnage principal, un mercenaire armé vêtu d’un gilet tactique, marchant avec détermination à travers une rue dévastée. À ses côtés, un jeune garçon marche, l’air inquiet. En arrière-plan, la scène montre des véhicules endommagés et des flammes, suggérant une zone de conflit. En haut de l’affiche, le nom de l’acteur 'Chris Hemsworth' est écrit en lettres capitales. En bas, les mentions 'Extraction', 'April 24', et 'Netflix' soulignent la date de sortie et la plateforme de diffusion. Le cadre respire l’action et l’intensité dramatique.

Si beaucoup de critiques sont faites sur ces représentations stéréotypées et genrées dans les médias, il est aussi important de saluer les avancées et les changements.

Prenons Emilia Pérez de Jacques Audiard. J’en avais déjà parlé il y a quelques mois dans un post LinkedIn, mais voici un petit rappel :

Karla Sofía Gascón, l’une des actrices principales, a reçu, avec l’ensemble de la distribution féminin, le prix d’interprétation au 77e Festival de Cannes. Ce qui est remarquable ici, c’est que Karla est la première femme transgenre à recevoir ce prix. Son rôle dans le film est puissant et émouvant, et surtout, il n’est pas centré sur sa transidentité.

Ce film a été nommé dans dix catégories aux Golden Globes et en a remporté quatre :

  1. Meilleure comédie ou film musical
  2. Meilleur film étranger
  3. Meilleure actrice dans un rôle secondaire
  4. Meilleure chanson originale.
Affiche promotionnelle du film Emilia Pérez, réalisé par Jacques Audiard et diffusé sur Netflix. L'image est composée de trois portraits alignés verticalement sur un fond noir : en haut, un visage pensif d'une femme aux cheveux châtains, au centre, un visage plus sérieux, et en bas, un regard intense d'une femme aux cheveux blonds. À droite, le titre Emilia Pérez est inscrit en grandes lettres blanches verticales. Les noms des actrices principales, Karla Sofía Gascón, Zoe Saldaña et Selena Gomez, apparaissent en haut à droite dans des couleurs distinctes. En bas, les mentions In Select Theaters November et Netflix | November 13 indiquent la date de sortie. Le logo du Festival de Cannes est présent, soulignant l'acclamation critique du film.

Ce succès augure de belles perspectives pour les Oscars. Mais au-delà des récompenses, il faut souligner le discours fort et poignant de l’actrice Karla Sofía Gascón. Dans un contexte où les États-Unis connaissent une recrudescence de la transphobie, particulièrement alimentée par la nouvelle nomination de Donald Trump à la présidence et par les actions de son bras droit, Elon Musk, ce film résonne comme un acte de résistance.

On pourrait aussi parler d’Un p’tit truc en plus réalisé par Artus. Ce film a fait parler de lui lorsque les grandes marques de vêtement ont refusé d’habiller les actrices et acteurs en situation de handicap. Un coup de gueule sur les réseaux sociaux a fait bouger les lignes. Finalement, le groupe Kering a pris le relais pour habiller les artistes. Toutefois, je ne l’ai pas (encore) vu.

Affiche du film Un P'tit Truc en Plus, réalisé par Artus. L'image met en avant un groupe de personnages joyeux posant ensemble dans un champ verdoyant sous un ciel bleu éclatant. Au centre, les acteurs principaux sont souriants, entourés d'éléments colorés et lumineux, tels qu'un dessin de soleil jaune à droite. Le titre du film est écrit en grandes lettres blanches et jaunes au centre : Un P'tit Truc en Plus. En haut de l'affiche, les noms des acteurs principaux : Artus, Clovis Cornillac et Alice Belaïdi. En bas, les crédits incluent le réalisateur et les acteurs secondaires. L'arrière-plan montre des montagnes, des arbres, et une maison blanche dans un paysage idyllique.

Non, le film dont je veux vous parler, c’est Le silence de Mélodie, disponible sur Disney+

Affiche du film Le Silence de Mélodie, un film original Disney disponible sur Disney+. L'image montre une jeune fille souriante en fauteuil roulant, bras levés dans une pose de joie et de célébration. Elle porte un gilet bleu vif sur un t-shirt blanc, ses cheveux flottant légèrement au vent. Le fauteuil roulant est équipé d'un dispositif de communication et d'autres accessoires technologiques. L'arrière-plan est un ciel bleu lumineux parsemé de quelques nuages blancs. Le titre du film, écrit en grandes lettres blanches au centre, contraste avec le ciel : Le Silence de Mélodie. Le logo Disney est visible au-dessus du titre, accompagné de la mention Disponible sur Disney+ en bas de l'image.

Ce film s’inscrit parfaitement dans la thématique de la représentation inclusive, en incarnant les enjeux que j’ai évoqués :

  • Briser les stéréotypes,
  • Valoriser des récits authentiques et
  • Offrir un regard renouvelé sur des réalités souvent ignorées.

Et il y a tant à dire.

Tout d’abord, le personnage principal est incarné par Phoebe-Rae Taylor, une actrice ayant un handicap moteur. Cela peut sembler anodin, mais voir une actrice porter le même handicap que son personnage confère une authenticité et une puissance inédite à son interprétation.

Ensuite, le personnage de Mélodie n’est ni stéréotypé ni considéré sous un prisme d’infériorité. Elle est le personnage central, fort et complexe. On suit sa vie, ses luttes, ses espoirs, mais aussi ses désillusions.

Le film aborde des thèmes forts liés au handicap et à ce qui gravite autour, mais, pour moi, il résonne tout particulièrement. Il illustre avec subtilité des enjeux universels, tout en plongeant dans des réalités profondément personnelles. Il traite de

  • la peur du handicap,
  • l’incompréhension qu’il suscite,
  • du rejet d’une élève « différente »

On y voit également la lutte constante pour exister, pour montrer que l’on peut faire ce que tout le monde fait, si seulement les moyens adaptés sont à notre disposition et si les volontés sont présentes.

On assiste aussi au combat d’une docteure qui croit en Mélodie et veut l’intégrer à un cursus standard, car elle en a les capacités. Ce personnage incarne des enjeux systémiques profonds : il illustre les luttes du personnel professionnel de l’éducation qui cherche à bousculer des structures rigides tout en faisant face à des contraintes institutionnelles, financières et sociales.

Sa détermination met en lumière l’importance des alliés dans les parcours inclusifs, mais aussi les compromis difficiles qu’imposent souvent ces systèmes. En effet, la docteure doit lutter contre un système scolaire qui préfère maintenir Mélodie dans un cadre « adapté » (les guillemets sont volontaires).

Cette décision est justifiée par un manque de moyens financiers et humains, mais reflète aussi une réticence à remettre en question les normes établies. Ces choix scolaires sont symptomatiques d’un système qui priorise la commodité institutionnelle à l’inclusion véritable, illustrant les obstacles systémiques auxquels les personnes en situation de handicap font face dans leur parcours éducatif.

Sa mère, un peu trop protectrice, s’oppose parfois à cette ambition, tandis que son père croit fermement en elle. Quant à la voisine, elle trouve toujours les bons mots pour encourager et apaiser.

Mais ce que j’ai vu, surtout, c’est une personne envers qui je me suis pleinement identifié. Et c’était la première fois. Mon handicap est différent : il est sensoriel, tandis que celui de Mélodie est moteur. Mais cela importe peu. Ses souffrances, ses désillusions, ses peines, mais aussi ses réussites, ses joies, ses pleurs, et son amour, je les connais intimement.

La représentation inclusive dans les médias n’est pas une simple question de diversité ou de politiquement correct. Le genre humain est varié que ce soit dans les morphologies, les couleurs de peau, d’yeux, de cheveux. Certaines et certains ont de p’tits trucs en moins qui leur donnent de gros trucs en plus. Elle change des vies. Voir des histoires qui reflètent nos réalités, portées par des acteurs et actrices qui partagent ces expériences, c’est bien plus qu’une reconnaissance : c’est une validation de notre existence. Le silence de Mélodie est une preuve vibrante de ce pouvoir transformateur.

Alors, continuons à soutenir ces créations qui donnent une voix aux personnes qu’on entend et voit trop peu. Et surtout, ouvrons les yeux et le cœur à des perspectives nouvelles. Car au fond, ces histoires ne sont pas seulement à propos d’« eux » ou d’« elles » : elles parlent de nous toutes et tous.

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