En tant que personne queer et porteuse d’un handicap, je suis souvent confronté à des regards, des attitudes ou des termes qui peuvent sembler anodins, mais qui, en réalité, portent une forte charge symbolique. Parmi ces mots, « woke » et « queer » suscitent aujourd’hui beaucoup d’incompréhensions, voire de mépris. Pourtant, ils témoignent chacun à leur manière de luttes bien réelles contre l’oppression et l’injustice.
J’aimerais, dans cet article, vous proposer un éclairage sur leur origine et leur évolution : comment ont-ils émergé, pourquoi sont-ils parfois utilisés comme insultes et quelle est la force symbolique qu’ils véhiculent ?
Origine et sens du terme « woke »
Le terme « wokisme » trouve ses racines dans le mot anglais woke, qui signifie littéralement « éveillé ». À l’origine, ce terme désignait la conscience des problèmes de justice sociale, en particulier ceux liés à la race et à l’égalité. Au cœur du wokisme se trouve donc l’idée de vigilance face à l’injustice et à l’oppression, notamment dans le contexte des luttes historiques de la population afro-américaine.
Sur le plan scientifique, le wokisme est étroitement lié à la prise de conscience des injustices sociales et des luttes pour l’égalité, enracinées dans des contextes historiques et sociologiques riches.
Il se développe avec les théories critiques, notamment la théorie critique de la race (critical race theory), qui analyse la manière dont les systèmes de pouvoir influencent les structures sociales et déterminent ce qui peut être perçu comme source de discrimination.
Ces mouvements incluent également la lutte pour les droits des femmes, des personnes LGBTQ+ ou encore la justice environnementale. Leur point commun est la volonté de mettre en avant le concept d’intersectionnalité. C’est-à-dire la façon dont les différentes formes d’identité (genre, race, classe, orientation sexuelle, etc.) s’entrecroisent et peuvent se renforcer mutuellement dans l’expérience de la discrimination et de l’oppression.
Du mot à l’insulte : que se passe-t-il ?
Aujourd’hui, force est de constater que « wokiste » est souvent utilisé comme une insulte pour dénigrer celles et ceux qu’on perçoit comme « trop sensibles » ou « trop engagés » à dénoncer les injustices sociales.
Pourquoi un tel paradoxe ? Parce qu’historiquement, ce mot renvoie à l’idée que rien n’est anodin lorsqu’il s’agit de discrimination : il nous rappelle d’avoir conscience et de faire preuve de vigilance face aux inégalités. Le fait qu’il soit devenu un terme péjoratif en dit long sur la manière dont certains débats sont politisés et instrumentalisés.
À titre personnel, moi qui suis à la fois queer et porteur d’un handicap, je trouve cette récupération assez déroutante. Qu’y a-t-il de mal à se soucier des inégalités et à vouloir les dénoncer ?
Je suis pourtant convaincu que, dans les années à venir, le terme « wokiste » suivra une voie similaire à celle de « queer » : d’abord blessant, il retrouvera peut-être son sens premier dans un élan de réappropriation.
« Queer » : d’une injure à un symbole d’inclusivité
À l’origine, queer était une insulte péjorative utilisée pour qualifier les personnes déviant de la norme hétérosexuelle, en particulier la communauté homosexuelle masculine. Son usage remonte au moins aux années 1910 et visait à marginaliser celles et ceux que la société jugeait « étranges » ou « anormaux ».
La réappropriation de queer commence dans les années 1980 et 1990, lorsque la communauté LGBTQ+ décide de se réapproprier ce mot autrefois offensant. Plutôt que de subir la stigmatisation qu’il portait, beaucoup de personnes ont choisi de l’utiliser pour affirmer leur identité. Cette transformation était portée par des groupes comme Queer Nation, qui utilisaient le terme « queer » pour contester les normes identitaires, promouvoir la visibilité et lutter contre l’homophobie.
Une stratégie de retournement : En s’appropriant le terme, la communauté LGBTQ+ refuse de cacher son identité ou de se soumettre à des injonctions de respectabilité. Elle tourne ainsi l’insulte en un symbole de fierté et de libération.
Un mot parapluie pour la fluidité
Au-delà de la simple revendication personnelle, queer est devenu un terme générique, désignant un large spectre d’identités sexuelles et de genre. On y inclut non seulement les personnes homosexuelles, mais aussi les bisexuelles, les transgenres et d’autres communautés qui ne s’inscrivent pas dans les cases imposées par les normes cishétéronormatives.
Célébrer la fluidité : Ce mot illustre un refus des étiquettes rigides, préférant embrasser la diversité et la complexité des identités humaines. Aujourd’hui, il symbolise à la fois un engagement envers l’inclusivité et la lutte pour la reconnaissance des droits de chacune et chacun.
De la force symbolique à la réappropriation
Lorsqu’on compare l’histoire de woke et celle de queer, on réalise que ces deux termes sont souvent détournés et instrumentalisés. Alors qu’ils décrivent au départ une prise de conscience ou une identité ressentie, ils se retrouvent tous deux employés comme des attaques visant à invalider des combats sociaux légitimes.
Pourtant, comme l’illustre la réappropriation de queer, les communautés concernées peuvent se rassembler autour d’un terme pour lui redonner tout son sens originel — voire en faire une force. C’est cette capacité collective à s’affirmer face aux regards extérieurs qui finit par faire évoluer la perception générale du mot.
La puissance d’un mot et la nécessité de le comprendre
En définitive, les mots ne sont pas anodins. Ils portent des histoires, des luttes et des identités. « Woke » et « queer » en sont deux exemples frappants :
- L’un met l’accent sur la conscience des injustices sociales ;
- L’autre rappelle la fierté et la diversité des identités de genre et d’orientation sexuelle.
Il est essentiel de comprendre cette force symbolique avant de juger ou d’utiliser ces mots à la légère. Nous avons toutes et tous une responsabilité dans la manière dont le langage évolue. Il appartient à chacune et à chacun d’entre nous d’en faire un outil de respect et de reconnaissance plutôt qu’une arme d’exclusion.
Mon expérience personnelle — être queer et porteur d’un handicap — m’a montré à quel point les mots peuvent être à la fois blessants et libérateurs. Plus nous prenons conscience de leur histoire, plus nous pouvons les employer avec justesse et empathie.
Mon credo : changer le monde, un mot à la fois.
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