Communication inclusive en action : redistribuer l’espace conversationnel

Récemment, lors d’une soirée entre entrepreneures et entrepreneurs, j’ai été témoin d’une scène malheureusement trop fréquente.

Alors qu’une jeune conseillère financière expliquait son activité à un petit groupe, un homme l’a interrompue pour reformuler, à sa manière, ce qu’elle venait de dire… mais à l’attention d’un autre interlocuteur. Ce que j’avais sous les yeux, c’était un exemple flagrant de mansplaining.

Mon sang n’a fait qu’un tour. Des dynamiques masculines dominent encore trop souvent l’espace social et conversationnel. Plutôt que de rester silencieux ou de créer une tension inutile, j’ai pris le parti d’intervenir de façon constructive : j’ai simplement suggéré à l’interlocuteur que la meilleure personne pour appréhender ce métier… c’était elle.

Si cela a permis de redistribuer l’espace conversationnel de manière plus équitable – la conseillère a ainsi récupéré la parole et retrouvé sa place dans l’échange –, ce n’était qu’une solution temporaire. Avec un peu de recul, j’ai pris conscience que cette scène s’inscrivait dans un cadre plus large. Elle s’inscrit dans un schéma social profondément ancré, où l’espace – qu’il soit physique ou conversationnel – est mal réparti entre les genres. Ce sont ces inégalités systémiques qui favorisent, encore aujourd’hui, ce type de comportement.

Cette expérience m’aura appris à mieux reconnaître ces situations et à affiner mes réactions pour les prochaines fois.

De la cour d’école à la salle de réunion : un schéma ancré dès l’enfance

Pensez à une cour d’école. De nombreuses études montrent que les garçons occupent massivement le centre de la cour, là où les interactions sont les plus visibles et valorisées. Les filles, elles, se retrouvent souvent reléguées à la périphérie. Ce schéma, que l’on pourrait croire anodin, conditionne bien plus qu’on ne l’imagine : il se répète, sous d’autres formes, tout au long de la vie.

Dans une réunion, un dîner, ou une soirée, ce sont régulièrement les mêmes mécanismes qui se rejouent : certaines personnes accaparent l’espace, tandis que d’autres peinent à se faire entendre.

La communication inclusive : des mots aux actes

Quand on parle de communication inclusive, on pense souvent à des engagements passifs : un langage plus neutre, une meilleure représentation de la diversité dans les visuels, ou encore des politiques internes favorisant l’inclusion. Ces efforts sont nécessaires, bien sûr, mais ils ne suffisent pas.

La communication inclusive doit aussi s’incarner dans des gestes concrets, des interventions immédiates, comme celles qui consistent à redistribuer équitablement l’espace conversationnel. Cela demande de l’attention de remarquer les déséquilibres et de réagir – sans pour autant écraser ou pointer du doigt.

C’est un équilibre subtil, mais essentiel. Et ce n’est pas seulement de « laisser la place » à d’autres : c’est une démarche proactive pour faire en sorte que toutes les parties puissent occuper pleinement l’espace qui leur revient.

Une réflexion pour aller plus loin

La scène décrite ici n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Elle m’a rappelé que ces schémas sont profondément ancrés, mais qu’ils ne sont pas immuables. Tout le monde a un rôle à jouer, particulièrement les hommes cisidentitaires, pour s’interroger sur son propre rapport à l’espace social et conversationnel.

Alors, la prochaine fois que vous êtes en train d’échanger dans un groupe, posez-vous la question : qui parle, et qui écoute ?

Parfois, redistribuer l’espace, c’est aussi un acte d’inclusion

Cet article a été originellement publié sur mon mon compte LinkedIn le 18 décembre 2024

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