Pourquoi viser la perfection en communication inclusive peut devenir un frein à l’action ?

J’ai envie de parler d’un mythe qui, à mon sens, fait plus de mal que de bien : celui de l’irréprochabilité épistémique, appliquée à la communication inclusive.

C’est ce moment où l’on voudrait tout faire parfaitement : ne blesser personne, inclure tout le monde, anticiper tous les biais, maîtriser tous les codes. Ce moment où l’on s’étouffe sous la peur de mal faire, et où, souvent, on finit par ne rien faire du tout.

Mais si on remettait les choses à plat ? Et si on reconnaissait que l’exigence de perfection est un idéal régulateur, pas un prérequis à l’action ?

Qu’est-ce que l’irréprochabilité épistémique ?

L’irréprochabilité épistémique, c’est un concept qui désigne la volonté de produire, transmettre et évaluer les savoirs de manière rigoureuse, responsable et juste. En clair, c’est viser une forme d’intégrité intellectuelle maximale.

Ce concept combine deux dimensions clés : l’irréprochabilité (absence de failles critiques) et l’épistémique (lié aux savoirs et à leur validation) et repose sur trois piliers :

Rigueur méthodologique

Des savoirs produits selon des normes claires : transparence, reproductibilité, vérifiabilité. Bref, pas d’approximation.

Responsabilité intellectuelle

Assumer ses biais, ses angles morts, ses erreurs. Reconnaître qu’on ne sait pas tout. Et corriger quand il le faut.

Équité dans la reconnaissance des savoirs

Refuser les injustices épistémiques, c’est-à-dire ces mécanismes qui décrédibilisent certains groupes (femmes, personnes racisées, personnes handicapées…) au profit de savoirs dominants. C’est élargir le champ des voix légitimes.

Comment cela s’applique-t-il à la communication inclusive ?

Dans de nombreux milieux, qu’ils soient militants, politiques, ou professionnels, on devrait appliquer ce concept à la communication et à l’écriture.

L’irréprochabilité épistémique appliquée à la communication et à la rédaction inclusive consiste à garantir que la production et la transmission de l’information soient exemptes de biais, d’exclusions ou de stéréotypes. Cela permet de refléter une démarche intellectuelle rigoureuse, juste et responsable.

Et c’est là que les choses se corsent.

Inclure sans exclure

Adopter une communication inclusive, c’est veiller à ce que le langage utilisé ne marginalise ni n’invisibilise aucun groupe, que ce soit par le genre, l’origine, le handicap ou toute autre caractéristique. Cela implique d’être attentif à l’impact de ses mots et de s’assurer que tous les publics puisse se reconnaître dans les messages diffusés.

Éviter les biais et les stéréotypes

L’irréprochabilité ici impose une vigilance constante : pas de stéréotypes sexistes, racistes ou classistes. Et pas de langage qui reconduit des normes d’exclusion selon le genre ou d’autres critères.

Formuler de manière neutre et accessible

Utiliser des termes épicènes et des formulations neutres. Parce que l’accessibilité et la lisibilité, c’est aussi une dimension politique. Un contenu compréhensible par une personne dyslexique, malvoyante ou allophone est plus inclusif.

Penser l’accessibilité universelle

L’irréprochabilité épistémique implique de rendre les contenus accessibles à toutes les personnes, indépendamment de leurs capacités physiques, sensorielles ou cognitives. Cela passe par des choix linguistiques et graphiques qui facilitent la compréhension et l’inclusion.

S’ouvrir à la critique et amélioration continue

Accepter que notre communication puisse rater. Que des formulations puissent heurter. Et surtout, être prêt·e à écouter, à corriger, à apprendre.

Pourquoi viser la perfection est contre-productif

Le problème, c’est que l’accumulation de critères d’irréprochabilité devient vite paralysante.

Quand on est une petite structure (une association, une PME, une coopérative), ou que l’on est solopreneur·e, on n’a pas toujours les ressources pour recruter un·e spécialiste de l’écriture inclusive. On fait avec ce qu’on a : des intentions sincères, un peu d’autoformation, et beaucoup de bonne volonté.

Mais voilà : la peur de « mal faire » pousse souvent à ne rien faire. Ou à se cacher derrière l’excuse : « de toute façon on ne pourra jamais satisfaire tout le monde. »

Et c’est précisément là que le concept doit être revisité : l’irréprochabilité épistémique est un idéal régulateur, pas un objectif à atteindre coûte que coûte.

Faire au mieux vaut mieux que ne rien faire

S’engager dans une démarche inclusive, ce n’est pas cocher une liste parfaite.

C’est avancer pas à pas. Ajuster. Écouter. Se remettre en question.

Et parfois, c’est accepter de mal faire, mais avec la volonté d’apprendre, de corriger, de progresser. C’est ce que j’observe, ce sont les petits pas qui ouvrent la voie à de grandes transformations.

Surtout que l’écriture & la communication inclusives évoluent rapidement et régulièrement. Si des approches, des techniques s’imposent pendant un temps, elles peuvent aussi rapidement changer à mesure de l’évolution des savoirs.

En conclusion : la perfection n’est pas un prérequis à l’engagement

On n’a pas besoin d’être irréprochable pour être légitime.

On n’a pas besoin d’avoir tout compris pour avoir le droit d’essayer.

La communication inclusive n’est pas un Everest réservé aux expert·es.

C’est un terrain d’apprentissage collectif, dans lequel chaque tentative, même imparfaite, a de la valeur.

Moi, c’est Grégoire Droz-dit-Busset

J’ai fondé Grédaction : Écrivain public x IA pour accompagner les structures engagées à intégrer une communication plus juste, sans complexité ni culpabilité.

  • Pas besoin d’être expert·e pour commencer.
  • Pas besoin d’être irréprochable pour être légitime.
  • Il suffit d’une intention, et d’un bon coup de pouce.
  • L’essentiel, c’est d’oser. Le reste, on le construit ensemble.

Si vous voulez avancer, pas à pas, vers une communication plus inclusive : parlons-en.

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